Pierre Guelff
Il est notoire que tout conflit se termine par un arrêt de l’utilisation des armes. Or, l’actualité dramatique démontre que la toute-puissance et la mainmise de l’industrie de l’armement et du nucléaire, la propagande militariste, un nationalisme exacerbé, appellent à faire couler « le sang impur dans nos sillons ». D’où, des millions de morts civils, des victimes collatérales, des réfugiés qui fuient l’horreur et les exactions de soldats et de mercenaires.
L’Histoire prouve que le pacifisme fit échouer, reculer, capituler, des dictatures, autocraties, tyrannies et pouvoirs militaro-industriels : enseignants norvégiens s’opposant avec succès aux nazis, chutes de Jaruzelski par Solidarność, de Milosevic par Otpor !, de Bouteflika par le Hirak, sans oublier le pacifisme des Rosa Luxemburg, Gandhi, Martin Luther King, Mandela, Angela Davis, Jane Fonda, de certains Printemps arabes, des paysans du Larzac, des Grands-Mères de la Place de Mai, voire des courageux pacifistes russes osant défier avec détermination et espoir la politique de Vladimir Poutine…
Alors ? Et si notre Société déployait un arsenal de pacifisme plutôt qu’entretenir le mythe de la « Grande Muette », celle qui apprend à tuer ? Et qui tue. Un pacifisme militant doublé d’un activisme citoyen développé dans un esprit de solidarité sans frontières : désobéissance civile, actions non-violentes, objection de conscience, insoumission, résistance collective contre les armes chimiques, ruines, viols, drones exterminateurs…, est-ce utopique ? « L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui est irréalisé », clama Cabu, caricaturiste et pacifiste.
l'auteur.e
Pierre Guelff
Pierre Guelff est journaliste, auteur et chroniqueur radio. Prix des Auteurs de l’Année (Communauté française de Belgique), Prix de la Ville de Versailles, Prix de la Ville de Rouen, Prix des Arts et Lettres de France.